L’église Saint Aignan (III)
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LE CLOCHER A PIGNON PLAT
Abordons maintenant l’aspect architectural de ce bâtiment religieux qui se caractérise en premier lieu par son clocher, d’une hauteur de 17m et d’une épaisseur de 0 75 m, à pignon plat, attribuable à la fin du XVII ème siècle.
Dans le clocher, au ras de la toiture de l’église, il semblerait que deux baies aient été fermées. Les pierres disposées en arc de cercle peuvent laisser supposer qu’à l’origine existait la présence de deux ou trois cloches. a ce jour aucun document ne permet de l’affirmer.
Ce clocher aurait-il été surélevé ? On assistait en effet, en ce temps là, à un mouvement appelé " l’orgueil des clochers". C’est ainsi que les villages rivalisaient entre eux et surélevaient leur clocher pour montrer leur puissance. l’exhaussement probable de celui de notre église eut pour conséquence fâcheuse de fragiliser l’ensemble de la bâtisse qui surplombait d’une vingtaine de mètres la Garonne.
A noter que notre église possède un arbre qui pousse sur l’une des pentes du clocher. Il s’agit d’un figuier qui a pris racine et qui devrait dans quelques années rivaliser avec le célèbre pin de l’église de Pompogne. !!!
LE PLAFOND DE LA NEF
l’intérieur est une salle assez haute, au plafond lambrissé, au premier abord sans intérêt, mais d’accueil agréable malgré la présence de 4 tirants servant à consolider l’ensemble de la bâtisse.
L’abondant luminaire électrique rehausse ce sanctuaire rural , dessiné en forme de carène de bateau, percé de fenêtres rectangulaires remontant au XVII siècle.
Mais à y regarder de plus près, cet édifice présente une énigme.
on aperçoit par exemple , à intervalles réguliers, malgré la peinture blanche du lambris, des étoiles différentes, régulièrement disposées en ligne. Tout le plafond serait-il semé d’étoiles et préfigurerait-il le ciel ?
De nombreux paroissiens se souviennent de ce magnifique décor étoilé sur fond bleu. Cette voûte céleste fut , hélas ! dissimulée par une peinture blanche, dans le but de donner plus de clarté à l’édifice, à une date encore indéterminée.
D’après Madame Duval, restauratrice professionnelle , cheville ouvrière de travaux conservatoires réalisés dans l’église de Lagruère, il serait intéressant et très facile de retrouver la couleur d’origine et la technique employée par l’artiste qui a si joliment décoré la carêne de ce vaisseau de briques.
L’autre surprise de taille concernant ce plafond fut révélé aux ouvriers qui furent chargés , en 1979 par la municipalité, de réparer la charpente.Lorsqu’ils entreprirent de créer des brèches dans le lambris du plafond pour faciliter les travaux , surprise ! un double plancher laissait découvrir un badigeon , soit une peinture difficile à dater ( article paru dans le journal sud ouest).
Dans les échos religieux de 1929 on peut lire qu’en 1690, l’église n’était ni vitrée, ni carrelée, ni lambrissée et que l’on dut avoir recours aux paroissiens pour entreprendre des travaux qui s’étalèrent dans le temps. Ce fut l’évêque de Condom et la Collégiale du Mas qui prirent parti pour lambrisser la nef et lui donner une forme de carêne de bateau.
D’après le diagnostic récent fait par l’architecte , Denis Boullanger, à la demande de la municipalité de Lagruère qui vient de décider de faire des travaux de réfection de la toiture et de consolidation du talus, on observerait des traces bleues au-dessus du lambris , au revers du pignon ouest ainsi qu’une croix peinte en rouge au-dessus de l’arc triomphal. Il pourrait s’agir de vestiges d’un décor plus ancien, donc d’avant ce lambris début du XVIII ème.
Découverte de tuiles canal et d’ardoise dans les combles de l’église Saint Aignan. Après les traces de peintures successives trouvées sur l’arc triomphal , à l’entrée de l’édifice et sur le dessus du lambris, ces trouvailles étranges peuvent faire penser à un agencement ancien du bâtiment au temps où semble-t-il il n’y avait pas d’ouvertures et où le toit devait être plus bas . On peut aussi émettre l’idée que se trouvait là un abri pour le sonneur du clocher.